vendredi 17 janvier 2014

Colères

Je suis énervée. Très énervée. Je voudrais pouvoir sortir de mon corps et me flanquer à moi-même la rouste de ma vie. Je voudrais pouvoir me foutre un coup de poing dans la gueule et me dire : "Bon, c'est pas un peu fini, là ? Tu vas arrêter de faire de la merde et tu vas te le bouger, ton cul de mollusque décérébré !".

Parce que, ce qui m'énerve, là, c'est la peur. C'est cette peur rampante et persévérante qui s'insinue en moi, et qui revient à chaque fois que je la chasse. Cette peur qui m'immobilise grâce à ses tentacules gluantes. J'ai envie de la cogner, celle-là aussi.

J'en finit par penser que je suis une incapable. Incapable de faire quoi que ce soit parce que incapable d'éloigner la peur, de l'ignorer ne serait-ce qu'un moment. Et puis, de toute façon, je suis un flemmarde. Et puis j'ai 18 ans, je ne connais rien du monde.

Mais ce qui m'énerve, justement, c'est d'avoir peur de ce monde. Parce qu'au bout d'un moment, c'est bien sympa de rester tranquillement cloîtré avec sa peur, mais il y a tellement plus intéressant à l'extérieur. L'ennui, c'est que je suis seule face à elle. Que je suis la seule à pouvoir décider. Et que pour l'instant, les victoires sont plus nombreuses pour elle que pour moi.

Je suis constamment à la recherche de sens. Et là, mon quotidien, c'est d'oublier que rien n'a de sens. Parce que les choses n'ont que le sens que l'on veut y mettre. Et il y a des moments où l'on a plus envie de donner de sens à quoi que ce soit.


Le gros problème, avec le fait de chercher un emploi, c'est qu'on est obligés de faire le point. De résumer : "En fait, qu'est-ce que je vaut ?" C'est exactement le mot : valoir. Et moi j'ai l'impression que je ne vaut rien. Enfin, si, 18 ans et un bac. C'est bien peu de chose. Et puis, vu que je ne sais pas me vendre, et que je déteste me mettre en avant, je suis mal partie. Mes lettres de motivation sont presque poétiques ; mais dans quelle utopie ai-je donc vécu jusque-là ?
On ne va pas vouloir de moi comme vendeuse de livre juste parce que j'aime les livres et les librairies, on s'en fiche de ce que j'aime, il faut mettre en avant ses capacités. C'est pas une lettre d'amour que je dois écrire, mais une lettre lèche-botte.
En étant cyniques, on pourrait dire qu'elles contiennent toutes les deux autant de mensonges.

La seule chose que je puisse en conclure, c'est que je suis, encore une fois, étrangère à ce monde. A cette société. Je ne connais pas les codes. Je ne sais pas comment ça fonctionne. Parce que je fonctionne différemment. Je n'ai pas la bonne logique. Je ne sais pas m'adapter. Je suis, à nouveau, coupable de ma différence. La cause, on s'en fout, parce que c'est les conséquences que je me prend dans la gueule tous les jours. Parce que c'est à moi de me torturer l'esprit pour rentrer dans le moule, pour comprendre ce qu'on attend de moi, comment ça fonctionne. Parce que moi, je ne fonctionne pas comme ça. Je ne fonctionne pas comme les autres.
Et, bordel, si vous saviez ce que j'en souffre. Parce que même si on trouve des gens différents, même si on se fait des amis, on sera toujours différents. C'est marqué sur nous comme au fer rouge. Et on ne sait même pas où. Et on est très loin d'en tirer une quelconque fierté. On se sent tâché, sali, marqué de façon indélébile.

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